Ouvrir les données transport de Lille Métropole

Publié le 27 juin 2013

S’il est un sujet à la mode en ce moment, et pas qu’en matière de transport d’ailleurs, c’est bien celui de l’opendata (données ouvertes). Le GART (Groupement des Autorités Responsables du Transport) organisait d’ailleurs le 3 juin dernier un séminaire d’une journée sur le sujet à Paris.

Mais qu’entend-on exactement par "ouvrir les données du transport" ?

Il faut savoir que les exploitants des réseaux de transports publics (comme Transpole) disposent d’importantes quantités de données qu’ils traitent et stockent dans le cadre de leur activité. Par exemple : la localisation de tous les arrêts de bus/métro/tram, des stations V’Lille, le parcours des différentes lignes de bus/métro/tram, les horaires de passage aux arrêts, les statistiques de ponctualité, le nombre de voyageurs, etc... Ces données ne sont accessibles aux voyageurs que sous la forme choisie par l’exploitant et développée par ses fournisseurs de services informatiques. Le problème, c’est que, faute de temps et surtout d’argent, les fonctionnalités offertes sont toujours moindres que celles souhaitées par les utilisateurs. Par exemple, sur le site www.transpole.fr, on trouve une page qui indique les horaires de bus en temps réel. Déjà, cette possibilité de visualiser les horaires en temps réel est relativement récente. Pourtant, cela fait un bon moment que Transpole dispose de l’information puisque les bus sont équipés d’un Système d’Aide à l’Exploitation depuis plusieurs années, système permettant de connaître en permanence la position des bus. Il a donc été décidé de développer une application web pour présenter cette information aux clients. Nul doute que l’application existante pourrait encore être améliorée. Mais il faut que Transpole commande du développement à son prestataire informatique et le paie pour ce faire. Libérer les données veut simplement dire les publier de façon brute, sous un format convenu d’avance et normalisé, afin que toute personne intéressée et compétente puisse développer sa propre application à l’attention des voyageurs. Une vraie source de créativité et de services à valeur ajoutée !

D’ailleurs, dans les données qu’il est possible de libérer, il en est également d’autres qui ne sont mêmes pas rendues publiques à l’heure actuelle (ou en tout cas qui sont difficilement accessibles) : ce qu’on appelle les KPI (Key Performance Indicators). Il s’agit là de l’ensemble des indicateurs qui permettent de juger de la performance du réseau. Cela peut être le taux de ponctualité des bus, le nombre de pannes sur le métro ainsi que leur durée, le nombre de voyageurs transportés sur chaque ligne, etc... Publier de telles données serait faire preuve de transparence vis-à-vis des voyageurs.

Où en est-on de l’ouverture des données à Lille ?

Il y a naturellement des réflexions en cours au sein de Lille Métropole pour savoir quelle est l’attitude à adopter face à cette tendance majeure de l’ouverture des données. Qu’il faille se poser un certain nombre de questions pour savoir comment aborder le sujet est tout-à-fait légitime et même plutôt sain, mais la question que l’on est en droit de se poser c’est : pourquoi communique-t-on si peu sur le sujet auprès du public ? Et quand prendra-t-on la décision d’y aller ou de ne pas y aller ? Car, pendant que l’on réfléchit, les autres avancent rapidement. A tel point que certains en sont déjà au stade de savoir quelle licence ils vont utiliser pour la publication de leurs données (Open License Etalab, ODBL) ; ce point est important car la licence détermine les conditions d’usage des données publiées. Le 18 juin 2013, au sommet du G8, les Chefs d’Etats ont signé une charte pour l’ouverture des données publiques avec une ouverture par défaut et une gratuité d’utilisation. Preuve que le sujet est considéré comme suffisamment important pour être traité lors du G8 !

Alors on peut réfléchir encore longtemps à la meilleure façon de procéder ou, au contraire, prendre une approche pragmatique du sujet et commencer par libérer rapidement une partie de ses données transport. Comme il serait plus qu’utile que nous disposions rapidement d’un SIM (Système d’Information Multimodale) afin de pouvoir planifier facilement et rapidement ses trajets à l’échelle régionale/transfrontalière, mais sachant également qu’il est probable qu’une normalisation soit établie prochainement par l’AFIMB (Association Française pour l’Information Multimodale et la Billettique), nous proposons d’adopter une approche pragmatique en publiant, dès que possible, les positions des arrêts de transports en commun ainsi que les horaires (au moins théoriques à défaut d’être en temps réel) à la norme GTFS. Cette norme a été définie par Google et, de par l’hégémonie mondiale de cet acteur, constitue de facto une norme mondiale utilisée par nombre d’acteurs. Le simple fait de publier nos données transport au format GTFS et de les rendre accessibles par les serveurs de Google ferait que notre réseau de transport serait immédiatement intégré à la cartographie Google Maps et Google Earth, utilisée dans le monde entier. C’est donc clairement d’une puissance considérable en matière d’accessibilité, d’universalité et donc d’intermodalité !

La RATP vient de se lancer

Certains ont d’ailleurs bien compris l’intérêt, comme c’est le cas notamment pour la RATP (pour ne citer qu’elle car d’autres villes aussi ont déjà fait ce choix). Elle a annoncé récemment (fin mai 2013) qu’elle allait publier ses données transports en respectant le standard GTFS (sur data.ratp.fr) et sous licence ODBL :

- Horaires prévisionnels (RER, métro, bus, tram)
- Localisation de tous les arrêts
- Ensemble des correspondances possibles.

La Région a déjà fait un pas

Depuis 2011, la région Nord-Pas-de-Calais publie librement des données cartographiques comme l’habitat naturel, l’occupation du sol, etc (http://sigale.nordpasdecalais.fr). C’est une démarche intéressante. Alors quand va-t-on enfin franchir le pas à Lille ?

PROPOSITION N°2013/004 (juin 2013) : libérer assez rapidement les données transports de Lille Métropole et de la région (ce qui n’empêche pas de définir un cadre strict). Et en première approche, de façon pragmatique, publier la cartographie des arrêts ainsi que les horaires au format GTFS, puis les mettre à la disposition de Google pour que notre réseau de transports soit enfin intégré dans Google Maps et Google Earth. Une telle mesure faciliterait la préparation des trajets, tant pour les voyageurs de la région que pour ceux de passage, dont le premier réflexe est très certainement de préparer leur itinéraire à l’aide de Google Maps.


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